Discours de lancement des Assises de la Culture par Juliette Mant, adjointe à la Culture, le 10 février 2019


Mesdames et messieurs, monsieur le maire, mesdames et messieurs les artistes, acteurs culturels, chers amis,

Je suis très heureuse de vous retrouver toutes et tous cet après-midi, pour la première étape des Assises de la Culture d’Arcueil.

En septembre dernier, à l’occasion de l’ouverture de notre nouvelle saison culturelle, j’évoquais la chance que nous avions, sur Arcueil, d’avoir ce foisonnement d’acteurs culturels et d’artistes, militants, innovants, impliqués et mobilisés avec et sur notre territoire.

Parallèlement, j’évoquais les inquiétudes, les doutes, les solitudes, de vous, de moi, de nous, face aux défiances récurrentes faites sur la place des arts et de la culture dans nos politiques, sur le soutien indispensable à la création, à sa liberté, sur la reconnaissance du rôle et des spécificités des métiers artistiques et culturels.

J’étais inquiète car j’observais le glissement quotidien, la forme de compromis ou de silence qui se tissait petit à petit à l’endroit de nos politiques culturelles.
Des doutes sur le sens, des glissements sémantiques, des interpellations sur le rôle des artistes, le soutien à leur apporter, le principe même de leur rémunération.
Comme un imperceptible recul de notre combat pour la place des politiques culturelles dans la société ; Comme un imperceptible arrêt de « notre mouvement », pour reprendre le nom du poème de Paul Eluard :

« Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses
Le jour est paresseux mais la nuit est active (…)
Sommes-nous près ou loin de notre conscience
Où sont nos bornes nos racines notre but ».

« Ces bornes, ces racines, ce but », la nécessité d’en parler, de les remettre dans le débat politique, au centre de notre action, m’avaient amené à vous annoncer le lancement d’Assises de la Culture.

Non pas que vous et moi remettions en cause la place des arts et de la culture sur notre ville et au-delà.
Non pas qu’à l’aune du 60ème anniversaire du Ministère de la Culture nous ne doutions une seule seconde de la nécessité de garantir l’accès de tous à la diversité culturelle, la juste rémunération des droits d’auteurs et de la création, ou encore la protection sociale des artistes.

Sans doute d’ailleurs en doutons-nous moins que bien d’autres responsables politiques. Et je veux vous réaffirmer l’engagement de notre municipalité et des services culturels qui nous accompagnent au quotidien pour porter un soutien local durable et prioritaire, aux politiques artistiques et culturelles.

Ces quatre dernières années, nous avons maintenus notre soutien financier aux politiques culturelles – non sans mal-
Nous avons défendu et soutenu chaque année la recherche artistique et la création – non sans expliquer le sens de cette évidence-. Nous avons valorisé notre patrimoine bâti et humain, mis en place une galerie d’art au collège, lancé un orchestre dans une école, développé la rencontre de tous nos jeunes écoliers avec les œuvres et les artistes, favorisé le développement de projets de street art et hors les murs. Et poussé la nécessité de développer des ateliers d’artistes, des espaces de création collectifs et la rencontre entre la diversité des acteurs et des esthétiques artistiques.

Ces quatre dernières années, il y a les échanges que les équipes ou moi-même ont pu avoir avec chacun d’entre vous.
Il y a les projets que nous avons accompagnés, ceux que nous n’avons pu accompagner autant que nous le souhaitions ;
Il y a les rendez-vous ou évènements artistiques instaurés, il y a des désirs de nouveaux rendez-vous ;
Il y a les artistes et acteurs culturels implantés, il y a de nouveaux acteurs ;
Il y a la visibilité de certaines actions artistiques, il y a parfois un manque de visibilité pour d’autres ;
Il y a les artistes, les professionnels, les semi-professionnels et les amateurs, tous porteurs de projets ;
Il y a les publics, les droits culturels, la nécessité de penser la création, la diffusion et la transmission artistique.
Il y a beaucoup d’acteurs et beaucoup d’enjeux.
Il y a des financements publics en baisse, des périmètres d’action et territoires en évolution, des cadres légaux et des politiques culturelles en mutation ;
Des besoins croissants d’accompagnement, d’expertise, de mise en réseau, de dialogue.

Cette volonté de renforcer le dialogue entre tous est à l’origine de l’inscription d’Assises de la Culture dans notre programme municipal.
Dans ses engagements municipaux 2014-2020, la ville d’Arcueil a intégré la nécessité d’« impulser des assises régulières entre les acteurs pour favoriser la circulation et la coordination des initiatives », à même de permettre la rencontre d’artistes et acteurs culturels pluridisciplinaires, la création de « foyers de dissémination artistique » sur l’ensemble du territoire et l’affirmation d’une identité culturelle pérenne sur la ville.

Aussi, je suis heureuse, d’être avec vous aujourd’hui, au nom de la municipalité, pour lancer avec vous cette démarche d’Assises de la Culture.

Il s’agit d’un engagement municipal.
Celui de recueillir, les visions, les problématiques, les besoins, des acteurs de notre territoire.
Celui non pas de construire un programme municipal, mais bien de dialoguer, dans la diversité de nos approches mais dans le commun de nos combats, pour qu’Arcueil soit une ville artistique et culturelle durable et innovante.

Nous avons besoin de cette première étape d’échanges, avec vous, sous forme participative pour poser ensemble les jalons d’une politique locale adaptée aux mutations, à ses acteurs et à leurs besoins.

Lancer un word café – une conversation géante- pour cette première étape des Assises, c’est lancer une démarche au long cours, progressive, favorisant le dialogue, l’évaluation et les directions partagées, pour co-construire ensemble, les jalons d’une politique artistique et culturelle durable sur notre ville.
Cette première journée donnera lieu à deux autres séances, afin d’aboutir à des contributions, dont nous définiront conjointement du format de restitution.

Cette forme dialogique d’Assises sera complémentaire d’autres formes que nous développerons avec vous, en lien avec nos services culturels, pour créer les conditions d’une expertise et d’une dynamique partagées.

Nous mettrons en place des formes esthétiques, en soutenant la création et sa rencontre avec le plus grand nombre ;
Nous mettrons en avant les métiers à travers un forum des métiers et un temps de rencontre avec les partenaires institutionnels et économiques des projets culturels, pour favoriser leur développement.

De nombreux rendez-vous seront co-construits par nos services culturels, pourront être proposés par chacun d’entre vous, grâce à la plateforme, le blog des Assises que nous avons lancé, et qui nous accompagnera tout au long de cette démarche. Je vous invite à vous y rendre régulièrement pour prendre connaissance des différents rendez-vous.

Il y a trente ans, lorsqu’il lançait les Etats généraux de la Culture en 1987, Jack Ralite reprenait les mots du cinéaste Marcel L’Herbier « La culture française se porte bien pourvu qu’on la sauve ».
Les nombreuses rencontres qui s’ensuivirent aboutirent à la réunion de 1500 artistes à Paris, le 17 juin 1987, lesquels proclameront en novembre 1987 la « Déclaration des droits de la culture ».
« Quand un peuple abandonne son imaginaire aux grandes affaires, il se condamne à des libertés précaires », voilà comment débutait cette Déclaration.

Et je crois que nous avons urgemment, à nouveau, besoin de cet imaginaire collectif,  besoin de se souvenir de l’avenir,  de le construire dans la connaissance partagée de notre passé, de notre présent, de nos projets à venir.

Alors nous sommes heureux, avec les services culturels de notre ville, d’être rassemblés ici, avec vous, pour cette première étape.
Soyez certains de notre engagement à vos côtés, de notre engagement pour la place des arts et de la culture sur notre ville.
Mais nous avons besoin de vous. De vous tous. De renforcer notre dialogue. De renforcer l’interconnaissance de nos enjeux. Nous avons besoin de vous. De votre engagement, de vos projets, de vos convictions, de votre créativité et de votre inventivité.

Man Ray disait que « la différence entre les hommes politiques et les artistes, c’est que les artistes n’ont pas besoin de majorité ». André Breton disait que « nous n’avons d’autre force que celle de notre désir ».

Aujourd’hui, d’où que nous venions, c’est bien ce désir qui nous rassemble. Donc la force.
Nous serons là. Notre municipalité sera là, à vos côtés. Et nous avons besoin de vous.

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